Avant d’écrire une phrase, nous devons mémoriser l’alphabet, intégrer les rudiments de la grammaire, et écrire des mots faciles avant les plus complexes. Avant d’interpréter une partition musicale, nous devons étudier les bases de la musique et pratiquer des mélodies simples. Avant de bien jouer au tennis, nous devons apprendre à tenir notre raquette et à frapper la balle de manière efficace, développer notre coordination et anticiper l’endroit où la balle atterrira pour assurer un bon retour.
Ces exemples illustrent des éléments techniques qu’il faut apprendre, pratiquer et intégrer si nous souhaitons atteindre un bon niveau de performance. C’est exactement la même chose en danse!
Tous les genres et les styles de danse comportent des éléments techniques. Bien sûr, certains de ces procédés, méthodes et règles comportent également des aspects artistiques et esthétiques, mais ils visent avant tout l’exécution claire et juste des pas et des mouvements, le contrôle physique, la précision, l’efficacité du geste, l’intégrité du corps, et la justesse de l’énergie déployée pour une performance raffinée, exempte d’efforts musculaires exagérés et de tensions inutiles.
Au fil du temps, un bon entraînement physique et technique développe une sorte de « pilote automatique », autrement nommé la « mémoire musculaire ». Une fois acquise, cette mémoire musculaire permet littéralement au danseur « d’oublier » sa technique, libérant son corps et son esprit pour se consacrer à l’interprétation artistique, aux émotions et à la musicalité qui font de la danse un art, et non un sport, en dépit de ses grandes exigences sur le corps.
Acquérir une bonne technique implique des années de formation, un nombre incalculable de pratiques des mouvements, et beaucoup de patience et de persévérance. Il s’agit d’un aspect vital de la classe, que l’élève danse une fois par semaine, ou tous les jours.
Tout ceci étant dit, il appartient au professeur de conscientiser ses élèves sur les bénéfices concrets d’une bonne technique, et aussi sur la satisfaction qu’ils peuvent retirer lorsqu’ils se donnent à cent pour cent avec application et rigueur, patience et persévérance.
Ceci dit, un danger nous guette en tant qu’enseignant, et c’est celui d’être tellement préoccupé à inculquer une bonne technique et une bonne préparation physique, que l’on offre à nos élèves trop peu d’occasions pour « bouger » et « s’exprimer » par la danse.
C’est pourquoi le RED préconise un enseignement qui assure un développement global. Un enseignement qui développe en parallèle les aspects tant artistiques et expressifs de la danse, que ses composantes physiques et techniques.
Un enseignement qui permet le développement du sens des lignes, l’exploitation des différentes dynamiques et qualités du mouvement, l’acquisition d’un bon sens de déplacement dans l’espace et la capacité de doter sa danse d’expressivité et d’émotions.
En tant que pédagogues, nous devons viser le juste milieu et assurer à nos élèves une formation globale, axée autant sur le développement de la sensibilité artistique que sur l’acquisition des qualités physiques et techniques souhaitables.
En tant que pédagogues, nous devons nous assurer qu’à chaque leçon, peu importe l’âge et le niveau des élèves, nous les exposons à la magie de l’expression artistique et aux nombreux pas de danse qui contribuent à développer leur sens artistique, tout en leur procurant le sentiment de « réellement danser ».
Par Dominique Turcotte |