La danse traditionnelle, c’est bien plus qu’un style. C’est une des composantes du patrimoine vivant que Charlotte Kelly, danseuse et directrice générale de la troupe Tissés Serrés, s’évertue à mettre de l’avant. Même si elle prend ses racines dans l’Histoire, cette danse est définitivement tournée vers l’avenir et la modernité. Et pour les personnes qui franchissent la porte d’une école de danse traditionnelle, c’est plus qu’un apprentissage qui les attend : elles vont tomber en amour avec une belle communauté, accessible, collaborative et bien sûr… tissée serrée !
Charlotte Kelly : Je commencerais par dire que la danse traditionnelle est une danse très accessible. On n’est pas dans la performance ni dans la compétition, on est vraiment plus dans la collaboration dès le départ. Ce sont beaucoup des danses de groupe dans lesquelles il est important que tout le monde s’entraide. Et c’est aussi un style très inclusif. Ceci dit, ce qui peut aider quand on commence, c’est de bien comprendre le rythme - qui est super important dans la danse traditionnelle particulièrement quand on arrive à faire de la gigue - de comprendre les différents rythmes, comment on peut jouer avec… La collaboration se sent beaucoup dans les danses de figures, qui sont des danses de groupe, et il y a aussi la gigue donc, qui est aussi une danse très rythmée. Donc la rythmique et l’aspect collaboratif sont indispensables ! Après, c’est certain que l’on a besoin de souliers spéciaux pour la gigue. Mais après, si l’on est prêt à essayer, à travailler ensemble, c’est tout ce que ça prend !
CK : Je pense que l’essentiel, c’est d’aller dans des évènements traditionnels et aller à la rencontre d’autres porteurs de traditions, d’aller dans des veillées, de parler avec des gens d’autres écoles de danse traditionnelle, d’aller faire de la recherche soi-même aussi sur la tradition, d’aller faire des collectes sur la danse qui se pratique encore aujourd’hui dans les communautés de danse… À mon avis, c’est vraiment ça qui va alimenter la passion. Continuer à explorer et à apprendre de nouvelles choses, c’est le plus important.
CK : Pour enseigner la danse traditionnelle, c’est très important de comprendre le contexte culturel dans lequel elle se pratique et s’est pratiquée aussi dans l’Histoire. On est porteur d’un savoir transmis de génération en génération, qui fait partie du patrimoine vivant, d’où l’importance de bien connaître et comprendre ce contexte. Ce n’est pas seulement d’enseigner les mouvements, les figures et tout ça, il faut vraiment comprendre le plus possible. Puis, dans la mesure où ce n’est pas un milieu compétitif, mais vraiment collaboratif, on n’est pas dans la performance, on est vraiment dans le plaisir de danser, donc il ne faut pas trop se mettre de pression, ni sur soi, si sur ses élèves. On cherche plutôt à essayer de transmettre une passion et un intérêt à la culture en général, c’est ça qui est le plus important. Sinon, dans la pratique, il faut faire bien attention aux articulations de ses élèves – genoux, chevilles – et pour cela, il faut avoir un plancher adapté à la pratique, un plancher résilient, particulièrement pour la gigue. Le dernier aspect important, c’est de faire le lien avec des musiciens, c’est-à-dire, dès que c’est possible, d’avoir des musiciens sur place. Pas seulement d’utiliser des pistes enregistrées, car la relation danseurs-musiciens est super importante.
CK : Il y a plusieurs gigueurs qui offrent des capsules d’enseignement sur Internet. Il y a bien sûr les écoles et les différentes troupes de danse traditionnelle partout au Québec et il y a aussi une plateforme qui vient d’être élaborée par le Club Gigus, qui est une plateforme d’apprentissage et de capsules en ligne, c’est spécifiquement sur la gigue, mais ça donne une bonne idée. Mais c’est sûr que le meilleur moyen de connaître et d’apprendre, c’est d’aller à des évènements, et à des veillées de danse traditionnelle. Il y en partout au Québec, avec souvent une initiation au début pour expliquer les mouvements de base, puis tout au long de la veillée, on est accompagnés par un câlleur qui va prendre le temps d’expliquer c’est quoi et après ça on va danser sur la musique. Je pense que le premier contact, c’est idéalement dans ce genre d’évènement - là, car oui il y a des ressources sur Internet, mais le plaisir se développe quand on est tout ensemble et que l’on travaille ensemble, littéralement main dans la main, quand on touche les autres danseurs.
Pour connaître les écoles de danse qui offrent ce style, rendez vous sur le répertoire.