Barbara Desrochers débute l’apprentissage du ballet au primaire à l’École du Sacré-Coeur, une institution sherbrookoise reconnue pour son enseignement des arts et de la musique. Elle poursuit ses classes à l’Académie de danse Pierre Lapointe, une école affiliée à l’Académie des Grands Ballets Canadiens. Encouragée par ses professeurs, elle auditionne pour Daniel Seillier et Betty Oliphant de l’École nationale de ballet de Toronto et est acceptée pour la session intensive d’été suivie d’une année d’études.
À son retour au Québec, elle est incitée à tenter d’intégrer le programme d’études en danse de l’École Pierre Laporte à Montréal, auditionnant ainsi pour madame Ludmilla Chiriaeff à Sherbrooke. En 1979, elle entreprend ses études à Montréal et réalise en 1980 le rêve de sa vie à l’époque en jouant dans Casse-Noisette avec Les Grands Ballets Canadiens.
Après son cursus à l’École Pierre Laporte, elle performe avec des compagnies pour des projets de danse indépendants dans la région de l’Estrie tout en poursuivant sa formation de danseuse avec des cours et des stages d’été intensifs et en enseignant dans de nombreuses écoles de sa région.
En 2015, à l’âge de 50 ans, elle réalise un autre grand rêve en créant sa propre école, l’Académie de danse Barbara Desrochers, financée avec l’aide de Pro-Gestion Estrie. Son école avait présenté trois spectacles de fin d’année, dont une version de Casse-Noisette, lorsque la Covid s’est abattue sur la planète entière. Sans se décourager, elle a poursuivi ses cours en ligne et s’est lancée dans le projet d’écriture d’un livre pour enfants sur le ballet qui fut publié en 2021. Le livre ne sert pas seulement à divertir mais également à enseigner les bases du ballet.
Deux préoccupations constantes régissent aujourd’hui la vie de Barbara : sa passion pour la danse et les soins bienveillants qu’elle prodigue à son mari. Alors que son école voyait le jour, la maladie s’est invitée dans la vie de son mari pour ne plus le quitter et changer à jamais le cours de son histoire et celle de son épouse. Plus de répit depuis des années, qu’une série de mauvaises nouvelles pour son conjoint : le cancer, l’hydrocéphalie et, la plus dévastatrice de toutes, le diagnostic d’un Alzheimer précoce. Depuis 2016, elle s’occupe avec amour et dévouement de son partenaire à la maison, témoin de sa descente quotidienne au cœur des ravages de cette cruelle maladie.
Au cours des deux dernières années, les possibilités d’éducation en ligne lui ont permis de poursuivre sa formation en danse. Ainsi, elle s’est inscrite à des cours de Cecchetti pour l’obtention de diplômes intermédiaire et avancé de même qu’à un programme offert par l’Ecole supérieure de ballet du Québec pour ajouter à ses qualifications une attestation d’étude collégiale (AEC) en enseignement du ballet. Au cours de cette période, elle a également chorégraphié, interprété et produit un film qui utilise la danse pour exprimer l’angoisse de la maladie d’Alzheimer. Il sera projeté au Théâtre du Lac-Brome lors de l’édition 2022 du Festival Cinéma de Knowlton.
Barbara Desrochers dans ses mots propres :
« La danse, elle m’a sauvée à plusieurs reprises. Quand on parle d’une passion et quand on parle que c’est important pour les jeunes d’avoir quelque chose, une passion ou un sport, oui, j’en suis la preuve vivante. Plusieurs fois dans ma vie je me suis écartée de ma passion, parce que la vie m’amenait ailleurs, mais la danse m’a toujours remenée. Quand je suis dans mon élément, ça se fait tout seul et je m’accroche. J’ai plein de projets qui m’aident et me motive. Donc c’est ça qui me tient allumée et heureuse et ça me permet d’avancer. C’est pour ça que je veux continuer là-dedans. Je ne veux pas lâcher parce que ça va bien. Vive la danse! »
Par Elaine Gaertner |