Montréal, le 17 janvier 2022 — Depuis deux ans, les propriétaires d’écoles de danse sont sur la corde raide et craignent pour leur survie. D’abord laissés à eux-mêmes lors de la première vague, ils ont ensuite vu tranquillement leur clientèle déserter les cours en ligne jusqu’à perdre la grande majorité. En plein cœur de ce nouveau confinement causé par la 5e vague de COVID-19, ils sont des centaines à lancer un cri du cœur au gouvernement. Ils demandent de pouvoir rouvrir pour survivre.
Bien conscient des enjeux, le Réseau d’enseignement de la danse (RED), un organisme de regroupement des écoles et enseignants de danse du Québec s’inquiète pour l’avenir de son secteur : « Nos membres sont des entrepreneurs qui ont beaucoup investi pour se conformer aux règles. Ils ont suivi les mesures à la lettre, ils ont pris la situation au sérieux pour permettre à leur clientèle de danser sécuritairement et il n’y a pratiquement pas eu d’éclosions dans des écoles de danse. Aujourd’hui, ils se trouvent au bord du gouffre, épuisés. En octobre 2020, on estimait à 30 % le nombre de propriétaires d’écoles de danse qui s’inquiétaient de devoir fermer leurs portes définitivement. Aujourd’hui, ça a doublé et ça pourrait avoir un impact énorme sur le secteur qui mettra des années à s’en remettre », s’inquiète Véronique Clément, directrice générale.
À la rentrée de septembre, les écoles de danse observaient une baisse de clientèle moyenne de près de 40 % par rapport à l’année précédente, diminution particulièrement marquée chez les adolescents. Craignant un retour en virtuel, beaucoup d’élèves avaient préféré attendre de voir évoluer la situation. La session de janvier 2022 s’annonçait prometteuse, mais les espoirs se sont vite effondrés. Encore une fois, la rentrée se fait avec des studios vides, à la différence que cette fois-ci, les studios virtuels aussi sont désertés.
« Déjà, on sentait un essoufflement pour les cours de danse virtuels, à la fois des élèves et des enseignants. Même avec ce nouveau confinement, très peu d’écoles ont choisi de commencer leur session d’hiver en ligne. Ce n’est tout simplement pas rentable et ça ne sert plus vraiment pour la rétention de la clientèle », explique Véronique Clément.
Dans une lettre ouverte, l’enseignant de salsa et propriétaire du Studio Baila Productions, monsieur Ilias Benz, lance un cri du cœur :
« Je suis à bout de souffle, de patience, d’espoir et surtout de ressources financières (…) Dans un cours de danse, tout le monde est enregistré et facilement traçable, vacciné, dans son carré, distancié et masqué. Beaucoup plus sécuritaire qu’à la SAQ, au Costco ou au Carrefour Laval un samedi ! Ce que je veux, c’est de travailler. Ouvrir mon école pour de bon sans constamment être dans la peur d’une nouvelle fermeture. C’est pouvoir redonner du travail à mes profs, enseigner à mes étudiants, voir leur sourire et les voir s’épanouir et surtout, avoir un salaire pour payer ma maison et faire vivre ma famille ! »
Bien conscient des enjeux sanitaires, le RED reste en contact étroit avec la santé publique pour informer régulièrement ses 400 membres, propriétaires et enseignants, des mesures sanitaires en vigueur pour assurer un maximum de sécurité, dans des circonstances où bien sûr, le risque zéro n’existe pas.
« Ça fait deux ans que notre petit organisme endosse un rôle bien au-delà de son mandat pour assurer la survie de son milieu. C’est tellement compliqué de s’y retrouver, on a voulu aider nos membres et au moins faciliter le travail de recherche de la bonne information. On a d’ailleurs souvent des studios de yoga, de Pilates et même d’arts martiaux qui communiquent avec nous, au désespoir de trouver l’information appropriée et qui craignent eux aussi le pire ! De voir que près de 60 % des propriétaires d’écoles de danse remettent leur entreprise en question, après autant d’énergie et d’argent investi, c’est décourageant et épeurant. », affirme la directrice du RED.
À propos du Réseau d’enseignement de la danse (RED)
Le RED est un organisme culturel soutenu par le ministère de la Culture et des Communications auquel adhèrent volontairement les écoles et les enseignants de danse du Québec. Le RED offre de l’accompagnement, du soutien, de la formation continue et de multiples services complémentaires aux écoles de danse, en plus de représenter ses membres auprès des instances gouvernementales.